Julien l'Américain, le retour...

10 Décembre 2011 Publié dans #gloire-amour-et-camembert

Rôdant sur Internet, nous venons d'y trouver non seulement une photo de Scthroumpf Torchon à l'âge de six ans (elle me menace de représailles en raison de son droit à l'image), mais un fort intéressant article de l'éminent L. G., historien spécialisé dans le camembert et que nous avions d'ailleurs reçu dans notre mirador (cf. notre article du 6 juin 2009). Nous en profitons pour inciter les fans de La Mosquée aux Godets à se rendre sur le site www.shpaysdebray.fr où son dernier ouvrage, "La Boutonnière de Bray", est en vente. C'est donc grâce à ses patientes recherches que votre érudition fromagère et géographique va pouvoir encore s'enrichir. Quant aux descendants de Julien l'Américain, ils seront imbattables sur les aventures de leur glorieux ancêtre...

mouquinEn France, le camembert naît sous la Révolution, dans le pays d'Auge. Un prêtre réfractaire de la Brie demande l'asile à Beaumoncel chez Marie Harel. Sur les conseils de ce prêtre, elle crée un nouveau fromage qu'elle appelle du nom de son village d'origine, Camembert. Dans la première moitié du XIX° siècle, il se fabrique dans les villages voisins et se vend uniquement sur les marchés de Vimoutiers, d'Argentan, de Lisieux et de Caen.

Le chemin de fer va être à l'origine de l'essor international du camembert. En 1854, la création de la ligne Paris-Lisieux lui permet de quitter la Normandie. En 1863, lors de l’inauguration de la ligne Granville-Paris, l’empereur Napoléon III le goûte, l'apprécie, le fait acheminer à Paris et en assure personnellement la promotion. Expédiés en caisses dans des carrioles jusqu'aux gares les plus proches des fromageries normandes, les camemberts sont, quelques heures après, en vente aux Halles de Paris. Les mandataires se chargent alors de les revendre aux grossistes, aux épiciers et aux crémiers.

pubLes liaisons ferroviaires se multiplient et les camemberts en profitent pour voyager hors de ses frontières. Parti de Rouen, ils arrivent au Havre ou à Cherbourg et embarquent à bord des paquebots de la French Line et de la Cunard Line où ils figurent au menu des passagers. Les excédents des frigos sont souvent revendus à l'arrivée.

En 1890, l'invention de la boîte ronde en bois révolutionne l'emballage, la conservation et l'exportation des camemberts. Entre 1895 et 1905, les importations de fromage décuplent et la demande de camemberts normands au lait cru ne cesse de croître. Très apprécié outre-Atlantique, ce produit de luxe est réservé aux grands restaurants de New-York comme le restaurant "Mouquin’s".

En 1900, pour réduire ses coûts d'exportation et approvisionner rapidement les restaurants new-yorkais, Julien Bessard du Parc, fromager depuis 1894 à La Chapelle aux Pots, créée une fromagerie à Sidney, dans l'état de New-York. Libérés de la longue traversée de l’Atlantique, les camemberts sont vendus moins affinés et plus au goût de la majorité des Américains. Cependant, le climat de la région ne semble pas favoriser l’élaboration des fromages et Julien Bessard du Parc a du mal à gagner les faveurs gastronomiques de ses clients. Son décès en décembre 1906 précipite le terme de cette aventure américaine.

Seuls quelques exportateurs français et quelques fromageries ont édité des étiquettes de camembert pour l'export, comme la prolifique Société Laitière des Fermiers Normands qui regroupait plusieurs fromageries et dont on dénombre une dizaine de camemberts d’export différents. Ce fut sans doute ce groupement qui exporta le plus de fromages vers les USA, suivi par la fromagerie de La Chapelle aux Pots, d'Orbec et de plusieurs fromageries de Saint-Pierre-sur-Dives puis celle d'Aumale plus tardivement.buvard       

De 1900 à 1910, le principal grossiste exportateur français fut Alphonse Rousset, au Havre. Il travaillait avec Charles Perceval, importateur aux Etats-Unis et expédiait les camemberts provenant de la fromagerie de La Chapelle aux Pots.

Que ceux qui n'aiment pas le camembert nous pardonnent d'avance, mais, même si nous n'apprécions que très modérément les pandas, notre ouverture d'esprit ne nous a pas empêchés  de leur consacrer un article qui a été abondamment commenté. Alors, camembert ou pas camembert ?

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S
<br /> Jean-François m'a écrit à moi aussi... ça m'a autant gonflée que les cartes postales et autres suppliques en tout genre. Sauf que ça m'a aussi foutue en rogne. De<br /> quel droit un parti politique, et surtout s'il est au pouvoir, peut-il louer les fichiers des listes électorales pour réclamer de l'argent ?<br /> Les données des listes électorales ne sont-elles pas protégées ?<br /> Que fait la CNIL ?<br /> Que fait la police ?<br /> ... ha ben oui c'est vrai c'est Jean-François la police...<br />
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K
<br /> Je vous soutiens, chère TatieOrdi, dans votre démarche et serai à vos côtés lors de la cérémonie pour vous tendre un mouchoir!<br />
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T
<br /> Venant de recevoir une missive du délicieux Jean François C me demandant de participer financièrement  à la campagne 2012 , celle de mon cher Nicolas S<br /> je suppose, cela me donne l’idée de lancer par l’intermédiaire de ce blog  l'idée d'une souscription pour la promotion de notre Julien l’Américain. Une statue à la gloire de notre ancêtre,<br /> ce pionnier de l’exportation, du savoir -faire français,(les camemberts étaient moins bons made in USA), ce récolteur de devises aurait sa place en pays de Bray. Ah! l’inauguration de cette œuvre<br /> d’art sur la place des Petits Pots, les descendants les yeux mouillés de larmes, il n’y manquerait plus qu’un Malraux psalmodiant du haut de sa tribune “Julien ,ahhhh  l’Américain !”.<br />
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