A quand la suppression totale de l'école ?
Signe d'un profond malaise dans l'Education nationale, les syndicats du public et du privé ont fait grève hier pour
dénoncer la "dégradation" de l'école, l'un des enjeux de la présidentielle de 2012. Ils dénoncent d'une seule voix les suppressions de postes du secteur: 80.000 entre 2007 et 2012. Aujourd'hui,
le conseil des ministres entérinera le projet de budget 2012 qui prévoit 14.000 suppressions de postes dans l'Education Nationale alors que les effectifs d'élèves augmentent.
L'enseignement privé, où la mobilisation est historique, réclame "zéro retrait d'emploi pour 2012" en mettant en avant ses spécificités: tous les enseignants sont
chaque jour devant une classe (aucun professeur n'est en disponibilité) et il n'y a pas de remplaçants. L'école primaire est particulièrement touchée: elle a abandonné près de 9.000 postes sur un
total de 16.000. Dans le secondaire, "on supprime tout ce qui est qualitatif" et "les postes ont été retirés en priorité aux collèges et lycées en difficulté: on prend plus à ceux
qui ont moins", selon Philippe Tournier, du principal syndicat des personnels de direction (SNDPEN). La scolarisation des tout-petits, les cours à
effectifs réduits, les projets éducatifs, les postes de "Rased" de lutte contre l'échec scolaire sont des "variables d'ajustement". Classes surchargées, réserve de remplaçants quasi-inexistante,
bas salaires et réformes contestées comme celle de la formation des enseignants sont d'autres motifs de mécontentement.
Et qu'on
n'aille pas nous faire croire que nous sommes logés à la même enseigne que les autres pays d'Europe! Avec 6,1 enseignants pour 100 élèves ou étudiants, la France y est bonne dernière, certes loin
derrière la Suède, modèle du genre, mais très en dessous de la Grèce ou du Portugal où le taux d'encadrement monte à 9 professeurs pour 100 élèves ou étudiants. Plus précisément, si la France est
dans la moyenne pour le collège et le lycée avec un taux de 7,1 enseignant pour 100 élèves, elle dégringole pour le primaire et l'enseignement supérieur où l'on ne compte que 5 enseignants pour
100 élèves ou étudiants.
Après ce constat déprimant, nous ne saurions trop vous conseiller d'aller faire un petit
tour sur le site du Collectif des Parents et Enseignants en Colère du Doubs. Vous y trouverez une délicieuse vidéo qui vous fera comprendre en images comment la destruction programmée de
l'enseignement suit inexorablement son cours. Voici son adresse: http://www.facebook.com/video/video.php?v=10150691912430716
Nous souhaitons beaucoup de courage aux enseignants, aux enfants et à leurs parents. En effet, dès hier soir, Luc Chatel prononçait cette phrase historique: "Une grève fin septembre dans l'Education Nationale, ce n'est pas révolutionnaire...".