Génériques, méfiance...

17 Juin 2011

médocs

Une des conséquences du grand âge qui nous guette tous à plus ou moins brève échéance (surtout moi), c'est que, sans doute pour de bons motifs, notre médecin nous gave de pilules diverses et variées censées nous procurer une éternelle jeunesse. Avant de gober votre dose quotidienne d'hypotenseurs, anti-inflammatoires, anticholestérol et autres friandises, jetez un oeil sur cet article paru dans "France-Soir" et tirez-en les conclusions qui s'imposent...

P.S.: j'ai écrit gros pour les vieux.

 

3.000 médicaments génériques en circulation en France

Le marché français compte environ 4.000 médicaments et plus de 3.000 génériques, les uns et les autres abondamment prescrits. Résultat, les dépenses de santé explosent. Notre pays est le plus gros consommateur européen de médicaments, mais le plus mal placé en matière de génériques, pourtant avancés comme une solution. Selon le Leem (ex-Syndicat national de l’industrie pharmaceutique), ils représentent 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2009), soit 26 % seulement du marché remboursable. Résistance des médecins, résistance des patients... Si ces derniers semblent plébisciter à 88 % l’existence des génériques, ils ne sont plus que 52 % à déclarer les accepter sans problème lorsque le pharmacien les leur propose. Et 4 personnes sur 10 les préfèrent pour les traitements de courte durée. Certes, il est urgent de réduire les dépenses de santé afin de préserver le système d’assurance maladie. Les médicaments génériques, de 40 à 70 % moins chers pour un produit présenté comme équivalent, constituent une réelle avancée et permettent de substantielles économies: presque 2 milliards en 2010. Mais ne s’agit-il pas là d’un bénéfice à court terme, contrebalancé par de nombreux inconvénients, voire quelques dangers pour les malades ? Les génériques, surtout, sont-ils aussi "semblables" au médicament d’origine qu’on le pense ? En réalité, le Code de Santé Publique encadre très peu les laboratoires qui fabriquent des génériques. Pour le Dr Boukris, médecin généraliste auteur de "Santé, la démolition programmée", la question est déjà tranchée: "On privilégie l’intérêt économique sur l’intérêt sanitaire".

Un médicament différent

Les pharmaciens le serinent régulièrement: "Mais bien sûr que le générique c’est la même chose que le médicament d’origine!". Le Code de la Santé Publique, relayé par le Pr Lechat, directeur de l’évaluation des médicaments à l’Agence Française de Sécurité Sanitaire, l’affirme de façon plus docte: "«Un générique présente la même composition qualitative et quantitative en substances actives". Ce que l’on sait moins, c’est que le texte tolère une variation de concentration du principe actif dans le corps de moins 20 % à plus 25 %. "Le Code considère cela comme équivalent, mais c’est faux!" s’indigne le Dr Blain, parti en croisade depuis 2008 contre les génériques après qu’une de ses patientes a manqué perdre la vie à cause d’une hémorragie gravissime de l’estomac. "Elle prenait du Ticlid depuis des années, un fluidifiant pour le sang, mais qui peut attaquer sévèrement l’estomac. Je l’associais à un protecteur gastrique très efficace, le Mopral. Le générique donné par le pharmacien, moins concentré, ne l’a pas protégée suffisamment". Autrement dit, 20 % de marge peuvent suffire à engendrer de graves complications et les exemples ne manquent pas: il y a trois ans, la Ligue Française contre l’Epilepsie a averti les malades que les dosages modifiés des génériques de la Dépakine Chrono 500 pouvaient entraîner une déstabilisation. Le Levothyrox (♦) et ses génériques contre l’hypothyroïdie sont actuellement sous surveillance de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire à cause des problèmes posés par le passage de l’un aux autres.

(♦) qui fait partie de ma collection personnelle et dont mon pharmacien a renoncé à me fourguer le générique depuis que je lui ai dit que j'apprenais par coeur la liste des médicaments mis à l'index...

 Des effets secondaires plus fréquents

Si un médicament reçoit son autorisation de mise sur le marché après de nombreuses études cliniques menées sur plusieurs années et de larges populations de patients, il n’en va pas de même des génériques. "Le générique étant équivalent au princeps (médicament d’origine), nous ne le soumettons pas à la même réglementation, puisque son principe actif a déjà fait ses preuves", explique toujours le Pr Lechat, avant de détailler le "protocole standard: une trentaine de patients non malades absorbent le princeps une fois, puis le générique une fois, et les experts observent l’équivalence entre les deux. Le Dr Boukris déplore: "Comment voulez-vous juger d’un médicament en une seule prise? Et on ne parle jamais des excipients!. Ils ne sont soumis à aucun test, aucune étude clinique, et pourtant on constate de nombreuses réactions cutanées ou des problèmes digestifs avec plusieurs génériques". Une information confirmée par la présidente de l’Association des Centres Régionaux de Pharmacovigilance: "Nous avons pas mal d'informations sur les effets indésirables, mais c’est le plus souvent bénin". Bénin comme le générique du bain de bouche Eludril, qui fait les dents marron!

Des laboratoires low cost

Matière première à moindre coût venue de Chine ou d’Inde, quitte à contenir quelques impuretés, structures légères, entre 250 et 300 salariés, marketing directement adressé aux pharmaciens, procédé beaucoup plus économique que les visiteurs médicaux, excipients bas de gamme. Les fabricants de génériques serrent les coûts pour absorber la baisse des prix de 40 % minimum par rapport au médicament d'origine imposée par le Comité Economique des Produits de Santé.

Pour faire des économies sur la production, les labos ont un siège social en Europe et délocalisent les usines en Hongrie, au Pakistan ou en Asie, lieux plus difficilement contrôlables. Le Pr Lechat (encore lui) s’en défend: "Nous effectuons des vérifications régulières et systématiques. En 2009, il y a eu 44 inspections dans le monde entier d’usines de génériques, et nous avons contrôlé 146 produits". 146 sur plus de 3.000 !

Des médecins mal informés

Le Dr Blain (encore lui) s'indigne: "Il n’existe aucun dictionnaire des génériques. Au début, je n’y connaissais rien, je faisais confiance aux pharmaciens, et quand mes patients me parlaient d’effets indésirables, je mettais ça sur le compte de l’effet nocebo, c’est à dire d'une réaction psychologique de méfiance contre un médicament dont ils n’avaient pas l’habitude". Rien dans le Vidal, bible des médecins et qui contient toutes les notices des médicaments. Pas de visiteurs médicaux, "... alors qu’il apparaît de nouveaux génériques presque chaque jour...", conclut-il.

Des pharmaciens qui les imposent

En 1999, le pharmacien pouvait déjà décider de donner un générique sans en référer au médecin. Depuis 2002, il doit même refuser le tiers payant à tout malade qui exigera le le médicament d'origine. Il devra le payer et en demander ensuite le remboursement, sauf si le médecin a spécifié sur l’ordonnance, à la main et en toutes lettres, la mention "non substituable" en face du médicament concerné. De plus et pour motiver davantage les pharmaciens (les génériques leur rapportent moins), l’Etat leur accorde des marges bénéficiaires calculées sur le prix du médicament d'origine, et les avantages commerciaux qu'ils obtiennent de leurs fournisseurs (plafonnés par la Sécurité Sociale) s'élèvent à 12,74 % pour les génériques contre 2,5 % pour les médicaments d'origine.

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L
<br /> <br /> C'est horriblement inquiétant !<br /> <br /> <br /> J'ai vu une émission sur le sujet à la télévision où médecins et journalistes étaient, pour une fois, d'accord sur les propos des uns et des autres concernant les pratiques actuelles. Apprendre<br /> que, pour des raisons économiques, les excipients sont achetés à bas prix dans des pays émergents car les contrôles sanitaires concernant, entre autres, l'environnement, sont moins sévères, ça<br /> fiche un coup ! Et moins de recherche en Europe, on achète des brevets dans les pays en voie de développement, ils sont meilleurs marchés. Où est la Santé la-dedans. Et l'Europe du médicaments<br /> n'existe pas, c'est chacun pour soi ! Certains médicaments sont vendus 100 fois plus qu'ils ne coûtent !<br /> <br /> <br /> Avec mes 4 médicaments quotidiens pour la tension et le cholestérol, médicaments génériques bien sûr sauf 1, je ne ferai peut-être plus très longtemps de commentaires sur ce blog. Et si j'arrête<br /> de les prendre, le risque est encore plus grand. Alors, je vais continuer à m'empoisonner pour être en bonne santé !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Edifiant...<br /> <br /> <br /> Et pour en rajouter une couche, il faut savoir que générique ou pas, au delà de 3 molécules administrées, les interactions et effets indésirables sont<br /> INCONTROLABLES!!! Alors, que faire pour que notre santé soit maintenue au top afin d'emmerder les jeunes le plus longtemps possible??? C'est peut-être une idée de concours pour<br /> 2011...<br /> <br /> <br /> <br />
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